« Guillemets »
Extraits, Citations — Quotes, Excerpts

— Je ne qualifierais pas Musashi d'homme ordinaire.
— Pourtant, il l'est. Voilà bien ce qu'il y a d'extraordinaire en lui. Il ne se contente pas de compter sur les dons naturels qu'il peut avoir. Se sachant ordinaire, il essaie toujours de s'améliorer. Nul ne se fait la moindre idée de l'effort surhumain qu'il a du fournir. Maintenant que ses années d'entrainement ont donné des résultat aussi spectaculaires, tout le monde parle de ses "talents innés".

Eiji Yoshikawa, Musashi
6/29/2004 04:32:00 AM

Ne perds pas ton temps à essayer d'impressionner les autres. Si tu deviens le genre d'homme que les gens peuvent respecter, ils te respecteront sans que tu aies à lever le petit doigt.

Eiji Yoshikawa, Musashi
6/29/2004 04:28:00 AM

Il faut comprendre qu'en cet automne 1575, Venise n'avait déjà plus rien d'une ville : elle était devenu un songe — un phantasme boursouflé et fiévreux, une rêverie baroque, imprévisible et terrifiante, échappant à tout contrôle.

Fabrice Colin, Les cantiques de Mercure
6/26/2004 04:50:00 AM

il me parle de Dante, de Virgile, de Rome et de Florence, de Corrège, de Titien et de Raphaël, j'évoque pour lui les images de l'Olympe, notre monde intérieur, perdu à jamais, je lui dis combien l'herbe était moelleuse, combien le miel était doux, et il parle, il parle encore, Vénus, Hamlet, Ulysse, le Décaméron, Faust et Méphisto, et les souvenirs me reviennent, je lui parle vie, je lui parle mort, et défaites à venir, il me dit Moïse, il me dit Tarquin, Hercule et les rois mages, tu es le prophète de ton siècle, me dit-il, mais les hommes sont aveugles à ton génie, et il le resteront longtemps, qui es-tu ? demande-t-il encore, et je lui dis : qui peut savoir ? Un homme, un Dieu, une force, une onde ? J'évoque Tirtée, il dit Orphée, je connais mieux son oeuvre qu'il ne la connaîtra jamais, je lui dis, demain tu auras oublié, comme mon frère, mais tu as le don pour nous voir et ton art en restera marqué, nous parlons Cléopâtre, Ganymède, Salomé, le Christ et les Argonautes, il me supplie de rester, il me dit reste, reste, je t'en prie, car avec toi s'évanouira mon génie, et si tu pars, oh ! si tu pars ! mais je passe une main sur sa joue, comme un ange, je lui dis non, non, au contraire, nous vivons en toi désormais, et tant que tes semblables continueront à peindre, notre souvenir survivra, il me demande pourquoi mourir et je lui dis que c'est ainsi, que c'est voulu, je lui dis que nous sommes condamnés, que des forces sont à l'oeuvre et que l'espoir s'amincit de jour en jour, mais quelles forces ? me questionne-t-il encore, et je lui dis qu'un jour il peindre l'ange déchu en mémoire de moi, gardien d'un troupeau de femme dans une plaine infernale, je lui dis qu'à sa façon il est un dieu lui aussi, un assembleur de rêves, il me dis Hésiode, Eurydice et le Sphinx, puis notre conversation se fait murmure, notre murmure se fait tristesse, notre tristesse se fait silence […]

Fabrice Colin, Les cantiques de Mercure

6/26/2004 04:49:00 AM

Le soleil venait dorer ta chevelure.

Tu es morte. Je vis. Il y a

Encore un jour, une aurore.

Pessoa
6/22/2004 05:20:00 AM

Lu chez Babils

Ce qui m'exaspère dans l'écriture, c'est son caractère successif. Je ne parle pas de l'ordre chronologique (je suis évidemment libre de me servir de flashes-back si je le veut), mais du simple fait dêtre obligée d'écrire l'histoire d'une phrase à la fois - on voudrait créer à la manière de dieu - tout, d'un seul coup, dans un fabuleux éclat d'énergie - le big-bang, le minuscule foetus, la chose qui est, dans l'instant, et qui peu à peu se diversifie, se spécialise, s'étandant dans tous les sens à la fois… Le roman est d'une linéarité enrageante. Imagine t'on dieu en train de fabriquer Adam comme les enfants jouent au pendu : d'abord la tête, ensuite le cou et les épaules, puis un bras, puis l'autre ? ou en train de créer une galaxie étoile par étoile ? Même la Création telle que la génèse la décrit est absurdement laborieuse, absurdement humaine : le premier jour il fit ceci, le deuxième jour celà… grotesque !

Nancy Huston, Instruments des ténèbres
6/22/2004 04:13:00 AM