via La Muselivre
Peut-on appeler "écrire" n'importe quelle tentative de représentation d'une ébauche de pensée par le biais de symboles graphiques incohérents couchés dans le désordre au mépris total de la grammaire, de la syntaxe, de l'orthographe et du souvenir de mon aïeule Germaine Philippin, institutrice de l'époque missionnaire, qu'une cédille oubliée décourageait aux larmes.
Pierre Desproges, Chroniques de la haine ordinairevia Ciscoblog
Mon univers est mort. Si j'écris, c'est pour pleurer sa fin
Arundhati Royvia KMS
Quand je me sens mal, c'est que je vais bien
Parce qu'avant attention je sentais plus rien
Dans ce pays, les gens ne respectent pas le matin. Ils se font réveiller brutalement par un réveil qui rompt leur sommeil d'un coup de hache et ils s'abandonnent aussi tôt à une hâte funeste. Pouvez-vous me dire ce que peut être ensuite une journée qui a débuté par cet acte de violence ? Que peut-il advenir de gens à qui leur réveil administre un petit choc électrique ? Ils s'accoutument chaque jour à la violence et désapprennent chaque jour le plaisir. Ce sont, croyez-moi, ses matinées qui décident du tempérament d'un homme.
Milan Kundera, La valse aux adieux- Nous avons joué ensemble sur ces collines dans notre enfance, elle et moi. Nous avons fait revivre dans nos jeux la grandeur de l'Île de Givre. Parfois nous étions des reines pirates et nous prenions l'Île d'assault. Mais surtout nous nous imaginions que nous nous emparions du pouvoir du Conseil en éliminant tous les autres membres par la force…
- Tant de violence chez des petites filles ? ne put s'empêcher de lancer Fafhrd. Je croyais que les petites filles cueillaient des fleurs et tressaient des girlandes en jouant à être des épouses et des mères…
- … en les passant par le fil de l'épée, en coupant la gorge de leurs épouses, acheva Afreyt. Oh, nous ramassions aussi des fleurs de temps à autres.
- Nous n'avons jamais réellement vécu. Nous n'avons jamais possedé de terres. Nous n'avons pas dirigé des hommes.
- Fafhrd, tu as l'ivresse triste ! dit en riant le Souricier. Voudrais-tu être fermier ? As-tu oublié qu'un capitaine est prisonnier de son rôle de chaf ? Tiens, bois pour te dégriser, ou tout au moins pour t'égayer.
- Voilà bien la cité de Lankhmar, observa le Souricier. À peine as-tu le dos tourné qu'on bâtit un nouveau temple secret.
- Bonne ventilation, n'empêche, commenta Fafhrd en constatant l'absence de fumée.
Ce qui vient au monde pour ne rien troubler, ne mérite ni patience, ni égards
René CharChez Zénon
Lors des révoltes étudiantes qui secouèrent le monde à la fin des années soixante, un des slogans qui s'adressaient aux professeurs de l'université de Heidelberg proclamait&anbp;: Hier wird nicht zitiert !
, Défense de citer !
Les étudiants voulaient de la pensée originale ; ils oubliaient que citer, c'est poursuivre une conversation avec le passé afin de le resituer dans le contexte du présent ; que citer, c'est faire usage de la bibliothèque de Babel ; que citer, c'est réfléchir à ce qui a été dit avant nous et que faute de le faire, nous parlons dans le vide, là où nulle voix humaine ne peut articuler un son.
via Neverlands
It seems to me that the realest reality lives somewhere beyond the edge of human vision; I don't know that it can ever be seen, but I'll keep looking.
Russel Hobanvia O.
indépendamment de ce qui arrive, n’arrive pas, c’est l’attente qui est magnifique.
André BretonQuand tu penses à moi
Toi le loup des steppes
Tout au fond de toi
Ressens-tu l'ivresse
via Zénon
Il est des temps où l'on ne doit dépenser le mépris qu'avec économie, à cause du grand nombre de nécessiteux.
Chateaubriandvia Mailomanie
Engager une correspondance est un acte solennel qui entrouvre une porte sur l'intimité, qui indique une disposition à se livrer, un désir de voir l'autre se dévoiler à son tour. C'est un geste aux conséquences parfois imprévisibles. À tort ou à raison, il y a des plaisirs que certains se refusent, des souffrances que certains prennent garde de ne pas provoquer. Parce qu'il y a cette question : jusqu'où pourrai-je aller, jusqu'où pourrons-nous aller, jusqu'où cela nous mènera-t-il ?
Sylvie Chaput & Marc ChabotChez Ad usum delphinorum
Il y [a] un grand nombre de doutes dont le genre humain ne puisse sortir. La vérité est qu'on aime à s'égarer, et que c'est une espèce de promenade de l'esprit qui ne veut point s'assujettir à l'attention, à l'ordre, aux règles. Il semble que nous sommes si accoutumés au jeu et au badinage que nous nous jouons jusque dans les occupations les plus sérieuses, et quand nous y pensons le moins.
Leibniz, Théodicée(voir cette citation en image)
(la voir plutôt ici en fait)
Il faut que ma lettre présente fasse excuser la lettre d'hier, et la future celle d'aujourd'hui.
André GideJe suis convaincu que le plaisir de lire, le plaisir du livre, la culture du livre mêm, tout cela est intimement lié à une défaite. À une blessure et à une défaite. Lire est toujours la revanche de ceux qui ont été offensés, blessés par la vie. Lire des livres me semble être une façon extrémement intelligente de perdre, ainsi qu'une sorte de renoncement à se battre sur le champ de bataille.
Alessandro Bariccovia the-flo
La bêtise c'est de la paresse. La bêtise c'est un type qui vit et il se dit "ça me suffit. ça me suffit, je vis, je vais bien, ça me suffit", et il se botte pas le cul tous les matins en disant "C'est pas assez, tu ne sais pas assez de choses, tu ne vois pas assez, tu ne fais pas assez de choses". C'est de la paresse je crois la bêtise, une espèce de graisse autour du coeur qui arrive et, une graisse autour du cerveau.
Jacques Brel, Je m'appelle Jacques BrelI'm not sure God want us to be happy. I think he want us to love, and to be loved. But we are like children, thinking our toys will make us happy and the whole world is our nursery. Something must drive us out of that nursery and into the lives of others, and that something is suffering
C.S.Lewis