« Guillemets »
Extraits, Citations — Quotes, Excerpts

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e.e.cummings [via LitKicks]
5/27/2003 03:04:00 PM

Il pense au pilote: « Je le sauve de la peur. Ce n'est pas lui que j'attaquais, c'est à travers lui, cette résistance qui paralyse les hommes devant l'inconnu. Si je l'écoute, si je le plains, si je prends au sérieux son aventure, il croira revenir d'un pays de mystère, et c'est du mystère seul dont on a peur. Il faut que des hommes soient descendus dans ce puit sombre, et en remontent, et disent qu'ils n'ont rien rencontrés. Il faut que cet homme descende au coeur le plus intime de la nuit, dans son épaisseur, et même sans cette petite lampe de mineur, qui n'éclaire que les mains ou l'aile, mais écarte d'une largeur d'épaule l'inconnu. »

Antoine de Saint-Exupéry Vol de nuit
5/24/2003 03:30:00 AM

Le sens d'un mot n'est autre que l'écheveau scintillant de concepts et d'images qui luisent un instant autour de lui. La rémanence de cette clarté sémantique orientera l'extension du graphe lumineux déclenché par le mot suivant, et ainsi de suite, jusqu'à ce qu'une forme particulière, une image globale brille un instant dans la nuit du sens. Elle transformera peut-être imperceptiblement la carte du ciel, puis disparaîtra pour laisser place à d'autres constellations.

Pierre Lévy Les technologies de l'intelligence
5/20/2003 05:53:00 PM

Jamais nous n'avons d'apparence, que nous parlions
Ou que nous écrivions; sauf quand nous regardons. Ce que nous sommes
Ne peut passer dans un livre ou un mot.
Infiniment notre âme est loin de nous.
Et quelque forte soit la volonté que nos pensées
Soient notre âme, en imitent le geste,
Nous ne pouvons jamais communiquer nos coeurs.
Aucune habilité de la pensée, aucune ruse des semblants
Ne peut franchir l'abîme entre deux âmes.
Nous sommes de nous même un abrégé, quand nous voudrions
Clamer notre être à notre pensée.
Nous sommes les rêves des lueurs de nos âmes,
Et l'un l'autre des rêves les rêves des autres.

Frenando Pessoa Sonnet I
5/11/2003 07:56:00 PM

[Son amant] disait que lorsqu'on marchait derrière elle, et qu'elle le savait, le balancement et le jeu de ses hanches sveltes était quelque chose d'intensément artistique, quelque chose qu'apprenaient aux jeunes filles arabes, dans des écoles spéciales, des entremetteurs parisiens spéciaux qu'on étranglait par la suite.


Nabokov Feu Pâle
5/10/2003 07:25:00 PM

I was the shadow of the waxwing slain
By the false azure of the window pane.


Nabokov Feu Pâle
5/10/2003 07:25:00 PM

Ce fût une année de tempête: Le Cyclone
Lolita souffla de la Floride au Maine.
Mars rutila. Des chahs se marièrent. De sombres Russes
Espionnèrent. Lang fit ton portrait. Et un soir, je mourus.


Nabokov Feu Pâle, 679-682
5/10/2003 07:25:00 PM