Mais il était trop tard. Il avait provoqué le courroux de la providence en résistant à trop de tentations. Il ne lui restait que le ciel où il ne rencontrerait seulement que ceux qui, comme lui, auraient gaspillé leur séjour terrestre.
Francis Scott FitzgeraldLa sorcière rousseSes yeux se tournèrent vivement sur la droite. La tablée voisine était devenue si turbulente que le maître d'hôtel s'était approché pour leur glisser quelques mots. Caroline discutait avec lui d'une voix si forte, si claire, si jeune qu'elle se faisait écouter du restaurant tout entier... à l'exception d'Olive Masters absorbée par son nouveau secret.
- Ravie de faire votre connaissance, proclamait Caroline. Sûrement le plus joli maître d'hôtel en captivité. Trop de bruit ? désolant. Il faudrait y remédier. Gérald, dit-elle à son voisin de droite, le maître d'hôtel trouve qu'il y a trop de bruit. Il compte sur nous pour y mettre un terme. Que faire ?
- Chut! admonesta Gérald tout en riant. Chut! (Merlin l'entendit continuer à mi-voix) Les bourgeois vont être en émoi. C'est ici que les chefs de rayons apprennent le français.
Caroline bondit, électrisée.
- Où y a-t-il un chef de rayon ? s'écria-t-elle. Montrez-moi un chef de rayon.
- Sacré nom de dieu! Descendez de là! cria le maître d'hôtel. Arrêtez cette musique!
Mais l'orchestre jouait déjà si fort que les musiciens pouvaient feindre de n'avoir pas entendu cette ordre; se souvenant d'avoir été jeunes, ils jouèrent plus fort et plus gaiment que jamais, et Caroline dansait avec grâce et vivacité; sa robe rose, diaphane, volait autour d'elle, ses bras agiles tracaient dans l'air enfumé des gestes souples, subtils.
Qq unes des citations aléatoires chez Flo
Vous reconnaissez vos amis à ce qu'ils ne vous empêchent pas d'être seul, à ce qu'ils éclairent votre solitude sans l'interrompre. Christian Bobin
Toute ma force vient d'une totale absence de lest intérieur. Louis Calaferte
L'amour, c'est le contact en tout, physiquement et spirituellement. C'est de penser ensemble aux mêmes choses, de ressentir les mêmes émotions devant un spectacle. C'est chercher dans les yeux de l'autre le reflet de cette émotion. Georges Simenon
Soit nous faisons de notre vie un roman, soit on ne s'en sortira jamais. Douglas Coupland
Stories only happen to those who can tell them. Paul Auster
Reality is that which when you stop believing in it... doesn't go away. Philip K.Dick
J'ai tant de sentiment
Que je me persuade fréquemment
Que je suis un sentimental.
Pourtant je reconnais, quand je me considère,
Que tout cela est une affaire de pensée,
Et qu'au bout du compte je n'ai en rien senti.
Nous avons, nous tous qui vivons,
D'une part une vie vécue
Et de l'autre une vie pensée:
L'unique vie que nous ayons
Est celle qui est partagée
Entre l'authentique et la fausse.
Mais des deux vies, laquelle est authentique,
Laquelle est fausse, il n'y a personne au monde
Capable de nous l'expliquer;
Alors nous vivons de façon
Que la vie que nous avons
Est celle qui doit se penser.
Elle s'éclaircit de gris, la nuit pluvieuse,
Car le jour est arrivé,
Et le jour ressemble à un habit de veuve
Aux couleurs déjà passées.
Encore sans lumière, sinon la clarté de l'obscur,
Le ciel pleut ici,
Et c'est encore un ailleurs, encore un mur
De lui-même absent.
Je ne sais quelle tâche m'attend aujourd'hui,
Mais je la sais inutile déjà…
Et je fixe de loin mon âme déjà froide
De ce que je ne ferai pas.
Ajourne toute chose. On ne doit jamais faire aujourd'hui ce qu'on peut tout aussi bien négliger de faire demain. Il n'est même pas besoin de faire quoi que ce soit, ni aujourd'hui ni demain. Ne pense jamais à ce que tu vas faire. Ne le fais pas. […] Deviens aux yeux des autres un sphinx absurde. Enferme-toi, mais sans claquer la porte, dans ta tour d'ivoire. Et cette tour d'ivoire, c'est toi-même. Et si l'on vient te dire que tout cela est faux, est absurde, n'en crois rien. Mais ne crois pas non plus ce que je te dis, car on ne dois croire à rien.
Bernardo SoaresDe l'art de bien rêverJe ne vaux pas grand chose, je ne crois en rien et, pourtant, tous les matins je me lève.
Jean-Paul DuboisTous les matins je me lèveEn me levant, j'ai eu une idée de livre. Enfin, pas une idée de livre, une idée de phrase. Quand je commençais une histoire, c'était toujours à partir d'une phrase qui me passait par la tête, une phrase de rien du tout.Je me suis mis à ma table et j'ai écrit: « Quand je commence un livre, j'ai peur de mourir avant de l'avoir fini. Même quand je n'écris pas un livre, j'ai toujours peur de mourir. » Et j'en suis resté là. J'ai passé une heure à essayer de trouver une suite, mais je n'y suis pas arrivé.
Jean-Paul DuboisTous les matins je me lèveIl y a deux sortes de gens.
Il y a ceux qui vivent, jouent et meurent.
Et il y a ceux qui ne font jamais rien d'autre que se tenir en équilibre sur l'arête de la vie.
Il y a les acteurs.
Et il y a les funambules.
Car en vérité, le plus difficile pour elle, ce n'était pas de tenir en équilibre, ni même de dominer sa peur, encore moins de marcher sur ce fil continu, ce fil de musique entrecoupé de vertiges éblouissants, le plus difficile, lorsqu'elle s'avançait dans la lumière du monde, c'était de ne pas s'avancer en flocon de neige.
Maxence FermineNeige